BIRWE Habmo

D’un camp des réfugiés vers un voyage dans l’espace. L’aventure extraordinaire d’un jeune Sud-Soudanais

J’ai eu l’honneur et le privilège de rencontrer James Thuch Madhier un jeune Sud-Soudanais, brillant et ayant des idées révolutionnaires pour l’Afrique qu’il aime tant. Jeune leader, au passé douloureux, il vit aujourd’hui à Toronto au Canada où il étudie et continue de participer à de nombreux forums et conférences à  travers le monde. Sélectionné sur une liste de potentiels jeunes qui entreprendront un voyage dans l’espace avec le soutien de KRUGER COWNE, il m’a accordé un entretien où il parle de lui, de ses rêves pour l’Afrique et de sa vision pour un monde meilleur. Plus qu’un simple entretien, c’est un échange émouvant et plein d’espoir que je vous livre ici.

– Peux-tu me parler de toi ? Qui est James Madhier ?

– Je suis James Thuch Madhier. J’ai 26 ans. Je suis né au Sud-Soudan où j’ai grandi. J’ai vu le jour au moment où le Soudan traversait une période difficile notamment celui de la meurtrière guerre civile. C’était exactement l’année au cours de laquelle Omar el-Béchir a pris le pouvoir grâce à un coup d’Etat. Le grand souvenir que je garde de mon enfance, c’est des conflits, des guerres et des massacres. Quand Omar el-Béchir arrive au pouvoir, dans son discours il souligne que le régime précédent avait été très tolérant avec les rebelles. Il va donc tenter de finir avec la rébellion et rendre la vie encore plus dure pour nous Soudanais du Sud. Voilà en quelques mots mon enfance jusqu’à l’âge de 16 ans. C’était devenu invivable. Les routes ont été détruites et même les salles de classe. Il était donc devenu impossible d’aller à l’école. Face à tous ces désastres, j’ai finalement quitté le Soudan pour l’Ouganda. Et de là j’ai rejoint un camp de réfugiés au Kenya où je suis resté pendant 4 ans, jusqu’à la fin de mes études primaires et secondaires. Voici un peu mon histoire que les gens ne connaissent pas vraiment. Mais actuellement ce que les gens savent, c’est que je suis un jeune leader. Récemment j’ai été sélectionné par l’Union européenne pour participer aux « Journées européennes de développement ». J’ai eu l’opportunité de rencontrer le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et le président de l’Assemblée générale des nations. Et j’ai été sélectionné il y a quelques semaines sur une liste de 30 jeunes, dont trois vont être pris pour participer au mois de novembre à Bangkok à un événement où ils exposeront leur vision pour un monde meilleur. A l’issue de cette rencontre, un jeune sera choisi pour un voyage dans l’espace (vidéo). J’ai aussi créé un journal en ligne afin d’amener les jeunes Sud-Soudanais à promouvoir le vivre ensemble et la paix. Avec d’autres jeunes, nous travaillons à permettre le dialogue interculturel ici au Canada. Nous sommes aussi en réseau avec des jeunes du Kenya et du Brésil.

– Est-ce que vous vous considérez comme une personne exceptionnelle ?

– Le début de mon aventure a été très difficile. Des guerres autour de moi. Une éducation difficile pour moi et pour les jeunes de ma génération. Beaucoup de personnes m’ont inspiré et en même temps j’inspire aussi beaucoup de personnes. Oui… je peux dire que mon aventure est extraordinaire.

– Que veux-tu que les jeunes Africains apprennent de ton histoire ?

– Je pense que souvent il nous arrive de croire qu’il n’y a pas d’issue possible pour nous ou qu’il y a pas de chemin pour réussir. Mais avec une certaine volonté et la détermination on peut arriver au bout de nos rêves. J’invite les jeunes Africains à prendre leurs responsabilités sans attendre tout des aînés. Ceci nous permettra de ne plus répéter les mêmes erreurs que nos aînés.

– Qu’est-ce qu’être africain signifie pour toi ?

– Pour moi c’est très spécial. L’Afrique a une place très spéciale dans mon cœur. Pour moi être africain, c’est être d’abord être fier de soi dans les moments de joie comme dans les moments difficiles. Etre africain signifie aussi pour moi puiser de l’énergie au fond de soi et, être africain c’est à la fois apprendre de soi-même et apprendre aussi des autres.

– Quels sont selon toi les grands défis que doivent relever les Africains aujourd’hui ?

– Pour moi le premier défi est l’éducation. Tout commence par l’éducation. Si nous investissons dans une éducation de qualité nous aurons des jeunes intègres et prêts à prendre les devants pour le développement de l’Afrique. Le second défi et celui de la lutte contre le changement climatique. L’Afrique est le continent le plus exposé. Mobilisons-nous pour protéger et gérer de manière rationnelle nos ressources.

– Nous effectuons cet entretien au moment où les rebelles et le gouvernement ont signé un agrément de paix pour mettre un terme au conflit au Soudan du Sud. Qu’en penses-tu ?

– Oui ceci est une question qui me touche beaucoup. Ma famille et mes proches y vivent. Arrivé à construire la paix c’est mon vœu le plus cher pour mon pays le Soudan du Sud. Je me suis fait une promesse de contribuer à faire émerger la paix dans mon pays. Je reste optimiste qu’elle émergera entre les Sud-Soudanais qui ont souffert de cette guerre orchestrée par des hommes politiques égoïstes qui ne pensent qu’a eux pendant que les populations sont en train de mourir dans les champs.

– Quel pays en Afrique est selon toi un havre de paix et de cohabitation pacifique ?

– Le pays qui m’impressionne le plus est la Tanzanie. Un pays qui a réussi la coexistence pacifique entre ses peuples. La Tanzanie est située entre le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda. Des pays qui ont tous connus des guerres civiles, mais la Tanzanie est restée un pays démocratique sans conflit. Je peux aussi ajouter le Botswana et le Mozambique qui restent aussi selon moi des pays exemplaires.

–  Quels sont les leaders qui t’inspirent ?

– Je mentionnerai tout d’abord Thomas Sankara dont j’admire beaucoup les idées révolutionnaires. Je pense aussi à Julius Nyerere, à son combat et ses nombreuses réalisations pour son pays et pour l’Afrique. Hors du continent, j’ai un grand respect envers l’ancien président de l’Uruguay José Mujica. J’apprécie son style de vie simple opposé à celui des autres présidents à travers le monde.

– Je sais que la lecture fait partie de tes passions, quels sont tes auteurs préférés ?

– Mon auteur préféré est l’écrivain nigérian Chinua Achebe. Il m’a beaucoup influencé quand j’étais jeune. J’ai beaucoup aimé son livre Le Monde s’effondre. J’aime aussi beaucoup les écrits de l’écrivain kényan John Kiriamiti qui a écrit  My life in crime .J ’aime aussi la musique. J’écoute beaucoup par exemple Am I wrong de Nico et Vinz.  Et tout récemment un ami m’a dédicacé une magnifique chanson que j’adore beaucoup : Hall of Fame écrit et chanté par the script.

– Merci James Thuch Madhier pour cet entretien !

– C’est moi qui te remercie !

James Thuch Madhier – Rising Star Programme


Afrique du Sud : le vivre-ensemble si cher à Mandela est-il mort avec lui ?

Depuis quelques jours, la ville de Durban en Afrique du sud est traversée par des manifestations et violences anti-immigrées. Des somaliens,  des congolais,  des kényans et beaucoup d’autres africains sont ainsi victimes des attaques. On pille leurs magasins. On les accuse d’être la cause de la montée du taux du chômage en Afrique du Sud. On les menace de mort. Des camps de fortune abritent désormais des réfugiés africains qui fuient ces attaques xénophobes. Pourtant Il y a deux ans le Monde entier célébrait un Grand homme : Nelson Mandela. Un homme de paix, un Africain qui se battu toute sa vie contre le racisme, contre la xénophobie,  contre l’Apartheid. Il sacrifia sa vie pour créer un pays multiculturel, multiethnique. Une nation Arc-en-ciel où doivent vivre paisiblement des hommes aux origines diverses.images (3) Mais qu’est-ce qui justifient aujourd’hui cette montée de xénophobie envers les africains ? L’apartheid a-t-il changé de visage pour viser désormais les africains non sud-africain ? Les victimes d’hier sont –ils devenus les bourreaux d’aujourd’hui ?  L’Afrique du sud n’est-elle plus une Nation arc en ciel ? Qu’est devenu le vivre ensemble si chère au Sage Madiba ? Ce grand homme que tous les sud-africains adorent et pour qui ils ont un profond respect.

Je me pose ces questions depuis quelques jours mais je ne trouve toujours pas des réponses. Mais, tout ce que je sais ce qu’avec ce qui se passe actuellement, Mandela doit être en train de se retourner dans sa tombe. Limages (1)ui qui en mourant était sûr et certain que la cohabitation pacifique et le vivre ensemble, vertus  pour lesquelles il s’est battu toute sa vie étaient des acquis. Les sud-africains se moquent du Grand Madiba en se foutant de ses précieuses idées, de son héritage politique et idéologique. Honte aux xénophobes de Durban ! Honte aux sud-africains ! Indignez-vous !

 


Kenya : la seconde mort des étudiants de Garissa

Je suis scandalisé, outré, révolté par le manque d’humanisme et de compassion de la communauté internationale depuis jeudi. Un lourd bilan : 148 morts à l’université de Garissa au Kenya, dont 142 étudiants, tous tués par un groupe terroriste somalien (les shebabs) parce qu’ils étaient chrétiens. L’événement a suscité un peu de réactions, mais pas d’émotion, pas de véritable indignation, pas de réelle mobilisation internationale. Rien de comparable à l’hommage qui a suivi ce qui s’est passé récemment en France après la tuerie de Charlie Hebdo (10 morts) ou à Tunis après le massacre du musée de Bardo (20 morts). Où sont les indignés ? Où sont les humanistes ? Il est clair qu’aujourd’hui en restant muet, indifférent sans condamner avec énergie ce qui s’est passé au Kenya, on tue une deuxième fois les étudiants de Garissa. On les tue à nouveau, on les humilie en restant silencieux. Certes, sur les réseaux sociaux quelques personnes expriment leur solidarité au peuple kényan et à la communauté universitaire de Garissa, cela est-il suffisant ?Kenya Violance

Si ce massacre avait eu lieu ailleurs qu’en Afrique, il y aurait forcément eu des émissions 24/24, des milliers de personnes auraient porté des tee-shirts « je suis Garissa » : rien de tel pour les victimes de Garissa. On n’a pas vu les présidents, surtout africains participer à la grande marche organisée au Kenya. Où étaient-ils ? Beaucoup d’entre eux étaient présents lors de la marche contre le terrorisme à Paris en janvier dernier.

Au regard de ce qui se passe, je constate qu’on s’indigne de manière sélective, on hiérarchise les morts. C’est peut-être dur de le reconnaître, c’est peut-être risqué de l’affirmer, c’est pourtant vrai. Cette mobilisation internationale au rabais n’est-elle pas due au fait que les victimes sont des Africains ? Cette question m’amène à penser qu’il existe une certaine géopolitique de l’émotion. Une géopolitique qui rendrait d’autres personnes plus importantes que d’autres.


Nigeria: la chance n’a plus souri à Goodluck

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Les Nigérians ont élu ce week-end un nouveau président à la magistrature suprême. Muhammadu Buhari l’opposant historique, plusieurs fois candidats aux élections présidentielles prendra désormais les reines du pouvoir mettant ainsi à l’écart son rival Goodluck Ebele Azikiwe Jonathan qui aura jusqu’ici été un homme politique avec une carrière atypique et extraordinaire. Son nom Goodluck, qui signifie bonne chance en anglais ne l’a pas porté chance pour ces élections présidentielles du mois de mars 2015. Pourtant dans le passé, Goodluck Jonathan  avait su être à la bonne place quand il le fallait.

Chrétien du sud membre de l’ethnie Ijaw, Goodluck est devenu le premier Président du Nigeria issu  de la région du delta pétrolier du Niger et le premier aussi à ne pas appartenir à l’un de trois principaux grands groupes ethniques du pays:  Haoussa-Fulani, Igbo et Yoruba. Diplômé  (Docteur) en Zoologie, Goodluck Jonathan a fait toutes ses études supérieures dans son pays. Après avoir enseigné puis travaillé pour la protection de l’environnement au sein des institutions gouvernementales, Goodluck, issu d’un milieu modeste, se lancera en politique en 1998.  Par chance ou par  son savoir faire politique , il grimpera très vite les échelles du pouvoir pour atteindre le sommet de la sphère politique à savoir la présidence. L’écrivain Adewale Maja-Pearce, auteur de tribunes sur le Nigeria pour le New York Times a sa petite idée pour expliquer l’ascension fulgurante de Goodluck Jonathan.  Il affirmera: « Je l’appelle le président par accident. C’était de la chance« . « Il a été sorti de l’ombre parce qu’il était considéré comme flexible« , ajoutera-t-il.  En effet, en 1999, année du retour d’un régime civil, il est élu gouverneur adjoint de l’Etat de Bayelsa, son Etat d’origine. En 2005, quand le gouverneur est destitué suite aux scandales de corruption et de blanchiment d’argent, Goodluck Jonathan prend les reines de l’Etat pétrolier jusqu’en fin 2007.  Nommé vice président suite à l’arrivée au pouvoir de Umaru Yar’Adua , il  deviendra président à la mort de ce dernier.  Mails depuis, le Nigeria sombre dans une guerre orchestrée par la secte islamiste BOKO HARAM. Bien que considéré comme la première puissance économique du continent africain, le Nigeria croupi sous le joug de la corruption et du clientélisme qui gangrène les Etats du pays.

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Apres avoir réussi à s’élire néanmoins une première fois à la magistrature suprême en 2011, Goodluck Jonathan vient de perdre  cette semaine les élections présidentielles au profit de Muhammadu Buhari , un ancien Général, ex-putschiste qui avait déjà était au pouvoir dans les années 80. Alors Goodluck le chanceux a-t-il perdu de sa chance? Où est passée cette main bénie qui accompagnait jusque là son extraordinaire carrière politique? Ou alors doit-on encore attendre un autre coup de chance dans d’autres circonstances politiques pour voir revenir Goodluck à la magistrature suprême? Wait and see! En attendant, le peuple nigérian célèbre son nouveau président dans l’espoir d’un avenir meilleur. Un avenir sans Boko Haram et sans corruption. Que Dieu bénisse le Nigeria!

 

 


Félicitations au peuple burkinabè !

 

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Comme tout jeune Africain assoiffé de démocratie et de bonne gouvernance, je ne saurais rester indifférent, voire insensible au combat du peuple burkinabè qui depuis quelques jours montre au monde entier que le progrès démocratique est possible en Afrique. En voulant modifier la Constitution (la loi fondamentale), Blaise Compaoré avait trahi l’espoir de toute une jeunesse, l’avenir de tout un peuple, le destin de tout un continent. Au moment où les jeunes Africains rêvaient d’un continent où les valeurs démocratiques et républicaines seraient visibles et affichées certains chefs d’Etat à l’instar de Blaise Compaoré ont montré une volonté de tuer volontairement tout espoir de démocratie.

La bravoure et le courage des Burkinabè qui se sont levés comme un seul homme pour refuser et condamner cette manœuvre politique sont à saluer. Comment ne pas applaudir cette révolution exemplaire où jeunes, femmes et adultes sont tous aux premières loges? Comment ne pas espérer qu’un jour des pays comme le Cameroun, la Guinée équatoriale, l’Angola, la Gambie, le Zimbabwe… puissent aussi à leur tour se débarrasser des dictatures qui les endorment en les entraînant dans l’impasse et l’inertie depuis plusieurs décennies ?


Quand les africains deviennent des stars en Europe de l’Est

 

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Je ne saurai quitter la Pologne sans m’exprimer sur la vie des africains en Europe de l’Est et en particulier dans ce formidable ancien pays communiste. Arrivé dans ce pays il y a trois mois environ avec plein des préjugés et des stéréotypes, je me suis tout de suite rendu compte que mes idées préalablement reçues étaient fausses et non fondées. Je pensai par exemple que pour sortir il fallait être accompagné si non on risque de se faire insulter, voire de se faire lyncher… mais non c’est pas vrai! Cependant, ce que j’ai pu constater au jour le jour ce que les noirs sont regardés partout où ils passent. Admiration ou rejet,  peur ou attirance ce regard accompagne au quotidien les étudiants africains qui sont venus dans ce pays pour apprendre et découvrir la culture de cette région du Monde. Que ce soient dans les super marchés, dans les bus, les Metro, bref dans tous les lieux publics, ceux qui ont la peau extraordinaire (noire) sont dévisagés. Au début je trouvai cela  bizarre mais au fil de temps j’ai appris à prendre les choses du bon côté. Je suis désormais une star. Oui une star comme Lil Wayne! Souvent sollicité par des inconnus dans la rue pour des photos je me vois ainsi comme une star hollywoodienne. J’avoue que je trouve la Pologne très intéressante pour la gentillesse et la simplicité des polonais et polonaises ordinaires. Il suffit de prononcer quelques mots ou phrases en langue polonaise pour s’apercevoir à quel point cela provoque une certaine joie, une certaine surprise chez les polonais de souche. Peut-être que compte tenu du fait que la Pologne  s’affiche plus désormais comme étant un pays capitaliste donc plus démocratique et avancé sur les questions des droits de l’Homme et des libertés.population-francaise

 En Pologne, je ne dis pas qu’ils (les africains) sont victimes de racisme par ce que personnellement je n’ai pas encore eu à faire face à des injures racistes ou à des paroles pouvant être qualifiés de discours incitant à la haine. Tout ce que je constate c’est que nous (les africains) sont ici des stars. On dirait même des stars hollywoodiennes parce que regardés partout où on passe. Au moment où je me prépare à quitter ce merveilleux pays, J’ai voulu partager mon expérience, mes impressions, mes convictions mais aussi mes sentiments sur ce que peuvent vivre les africains en Pologne.


Pauvres et riches en Afrique: pourrons-nous vivre ensemble?

pauvreté-3Le fossé entre les riches et les pauvres augmente en Afrique. Souvent présentée comme un continent très riche, l’Afrique reste pourtant la région du monde où les inégalités sociales et économiques sont de plus en plus criardes. Si rien ne fait, la situation sera encore plus explosive dans les années à venir. Dans ce contexte, ne faut-il pas se demander si en Afrique les pauvres et les riches pourront vivre ensemble? De nombreux Africains estiment en effet que les inégalités s’accentuent, une infime minorité s’enrichissant alors que les rangs des pauvres ne cessent d’augmenter. Le contraste est d’autant plus frappant en Afrique que le taux de pauvreté est constamment à un niveau élevé depuis des décennies malgré une croissance non négligeable du PIB moyen du continent.

Un éditorialiste de L’Observateur Paalga au Burkina Faso explique le ras le bol général:

 » Les uns prennent l’avion pour aller soigner un rhume des foins pendant que les autres bouffent les pissenlits par la racine parce qu’ils n’ont pas l’argent pour aller traiter un simple palu ».

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Quand les riches font fructifier leurs économies dans des super marchés, dans des grands centres commerciaux tout à côté prospère une autre économie qui est « l’économie de la débrouillardise ». Celle de la proximité sociale qui fait vivre la plupart des habitants des grandes mégalopoles en Afrique. L’exemple du commerce dans les villes africaines comme Douala au Cameroun, Dakar au Sénégal, Lagos au Nigeria est illustratif de cette difficile cohabitation entre économie informelle et économie formelle. Une autre image de la vie des pauvres et riches en Afrique est mis en exergue par la difficile condition des vies des paysans, des pauvres agriculteurs et éleveurs africains qui sont exploités par les multinationales dont sont propriétaires les riches. La connaissance de ce fossé entre démunis et nantis doit interpeller par ailleurs toutes les consciences pour que les africains retrouvent leur dignité et puissent vivre ensemble sans inégalités socio-économiques affichées.

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Est-il vrai comme le pensent certains que la pauvreté est la véritable richesse de l’Afrique? Peut-on à la suite de Martin Luther King imaginer qu’un jour pauvres et riches d’Afrique, paysans et milliardaires puissent partager un espace commun sans discriminations ni inégalités?  Bref, comment réduire l’écart entre fortunés et infortunés en Afrique? Telles sont les interrogations auxquelles les africains doivent désormais réfléchir car demain la situation pourra être explosive si rien ne fait.


Rwanda : le modèle de réconciliation, un exemple à suivre ?

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Il y a vingt ans le Rwanda a connu un génocide qui a fait environ un million de morts et des milliers de personnes déplacées. Un conflit dont les conséquences ont été désastreuses pour les populations rwandaises et celles de la région des Grands Lacs. Une guerre fratricide qui aura touché l’humanité entière. Aujourd’hui, deux décennies après cette guerre, les Rwandais semblent être réconciliés. Le pays des mille collines a fait émerger une forme de réconciliation  participative qui fait la fierté de nombreux Rwandais. Cependant, le modèle de réconciliation rwandais est-il un exemple à suivre ? D’autres pays qui viennent de sortir de guerre doivent-ils s’en inspirer ?

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Nombreux sont les causes de ce génocide. D’abord la colonisation allemande, puis belge qui au cours des longues années aura diffusé une idéologie « raciste » en présentant les Tutsi (5 %) comme étant supérieurs aux Hutu (93 %). C’est le point de départ de certaines considérations morphologiques et intellectuelles. L’église catholique aura par ailleurs contribué à véhiculer à travers ses missionnaires cette idéologie qui sans doute aura permis une polarisation ethnique de la société rwandaise. Avec la mort du président rwandais  Habyarimana le 7 avril 1994, le pays sombrera dans une guerre sans précédent qui conduira au génocide des Tutsi. Au sortir de ce conflit ethnique le bilan est terrible  : environ 1 million de Rwandais massacrés et 3 millions d’autres contraints à l’exil. Pour apprendre à revivre ensemble l’Etat rwandais avec à sa tête Paul Kagame développera des stratégies pour juger les coupables et encourager la culture du pardon. On assistera donc à la création des tribunaux locaux « gacaca » et à la mise en place des « villages de la réconciliation » où anciens bourreaux, victimes et rescapés se côtoient pour se pardonner et réapprendre à vivre ensemble. Ce modèle de réconciliation très participatif aura permis de faire émerger une nouvelle cohabitation pacifique et une coexistence harmonieuse. Pour beaucoup de spécialistes le modèle de reconstruction nationale, de réconciliation instauré par le Rwanda au sortir du génocide est un exemple à suivre pour les pays en situation de  post-conflit comme la République centrafricaine, la Côte d’ivoire…

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Afrique: Ces frontières qui unissent

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Traditionnellement, la frontière est définie comme une ligne marquant la fin et le début des territoires des Etats. Mais en Afrique, force est de constater que les frontières, loin de diviser, de séparer unissent plutôt des populations vivant le long des frontières. Des activités, des événements qui favorisent le vivre ensemble et la cohabitation se développent le long des frontières africaines. On pourra donc parler d’une coexistence transfrontalière conviviale dans plusieurs régions d’Afrique même si souvent ces frontières sont des zones de conflits ou de sinistres.

Il suffit de se poster à la frontière, pour voir comment elles sont traversées, pour voir comment au quotidien s’effectuent des échanges commerciaux, culturels entre de nombreuses populations. Ces échanges sont la manifestation d’une cohabitation pacifique entre des peuples. En Afrique, la frontière n’est pas un lieu calme, une zone silencieuse comme c’est le cas de plusieurs frontières en Occident. La frontière en Afrique est inspiratrice du vivre ensemble, de la tolérance, des valeurs chères aux sociétés africaines. Se positionner à la frontière, c’est inviter à la rencontre, c’est inviter l’autre, le semblable à la coopération,  à la communication. J’ai vécu longtemps le long de la frontière tchado-camerounaise, et j’y ai expérimenté au quotidien le bonheur humain. En Afrique centrale, entre le Cameroun et le Tchad, la construction en 1985 du pont de Nguéli a été une opportunité pour de nombreuses populations. Le pont relie la ville de Kousseri (Cameroun) à celle de N’Djamena (Tchad). Auparavant confinées à des activités de ménage et de reproduction à cause des pesanteurs culturelles et des conjonctures économiques défavorables, les femmes peuvent désormais gagner leur vie en franchissant la frontière. Les troubles politiques au Tchad marqués par des guerres civiles et des rebellions armées ont également favorisé l’émergence d’initiatives. La mobilité transfrontalière devient une source vitale pour plusieurs personnes, divorcées, veuves, sans-emplois, handicapées physiques, sourds-muettes, etc. Ici, l’usage de la langue arabe est une nécessité.

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Au quotidien, s’affiche un décor extraordinaire : piétons, cyclistes, motocyclistes et quelques voitures se fondent dans la masse. Les regards pointés vers l’Est (côté Camerounais) et l’Ouest (côté Tchadiens). Dans la vague des personnes qui font la navette, on voit des vieillards, des adultes, de jeunes gens et des femmes. Toutes les dames et les jeunes filles portent le voile. On a bien l’impression qu’elles ont chacune un bébé sur le dos ou qu’elles sont enceintes.

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Frontière entre le Tchad et le Cameroun dans le Lac Tchad. A gauche des pêcheurs tchadiens, à droite des pêcheurs camerounais. Une ligne presque invisible sert de frontière.

 En effet, il est connu que l’ensemble des frontières en Afrique fut élaboré dans le contexte colonial. Elles ont été esquissées dans leur grande majorité entre 1885 et 1900. La plupart de ces frontières constituent un vestige de la décolonisation. On estime que 70 % des frontières africaines telles qu’on les connaît aujourd’hui furent définies sans concertation avec les populations concernées, entre la conférence de Berlin et la fin de la première décennie du XXe siècle. Elles ont longtemps été considérées comme des frontières apaisées séparant des populations de même culture ethno-religieuse et des Etats (Côte-d’Ivoire, Burkina Faso, Mali, Guinée et Ghana) qui appartiennent à une même organisation économique supranationale, la communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou la CEMAC en Afrique centrale.


« Créons ensemble le futur que nous voulons ». Les jeunes rêvent désormais d’un meilleur avenir au sortir du 8ème Forum des jeunes de l’UNESCO

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Du Mardi 29  au jeudi 31 octobre 2013 s’est tenu à Paris (Place Fontenoy), sous la présidence de la directrice générale de l’UNESCO,  le 8e forum mondial des jeunes de cette organisation. Le thème de cette édition à été : « Inclusion sociale et jeunesse : engagement civique, dialogue et développement des compétences ». Cette année, environ 500 jeunes participants de toutes les régions ont répondu présents  à ce grand rassemblement  au Siège de l’Organisation à Paris. Trois catégories de jeunes ont participé à ce Forum. On avait des jeunes délègues (2 par pays), des observateurs (journalistes, représentants des organisations des jeunes), et enfin des jeunes volontaires motivés qui ont assisté le comité d’organisation du Forum avant et pendant le Forum. Je faisais parti de cette dernière catégorie des participants. J’ai donc eu en tant que jeune bénévole, le privilège et l’immense honneur de vivre le Forum de bout en bout et j’ai décidé par cet article de vous le faire vivre également.

En effet, venant des quatre coins du monde (Asie, Afrique, Amérique, Océanie), les participants ont eu l’opportunité d’échanger leurs opinions, de partager leurs expériences, de réfléchir ensemble et surtout, d’identifier les préoccupations et les problèmes communs qui entravent aujourd’hui le devenir des jeunes. Le Forum était donc une véritable concentrée humaine, une sorte de « melting-pot » reflétant la diversité culturelle qui façonne notre planète. Toutes les cultures, toutes les nationalités étaient donc à ce grand rendez-vous des jeunes.

Durant trois jours, les participants à ce 8e Forum des jeunes de l’UNESCO ont débattu des défis auxquels sont confrontés les jeunes de tous les continents et ont passé en revue les principaux objectifs des programmes de l’Organisation à l’égard de la jeunesse lors des ateliers de renforcement des capacités, des débats en plénière autour des recommandations du Forum, des groupes de travail sur les projets opérationnels, des débats thématiques. Par ailleurs, il faut rappeler qu’à la demande des jeunes, le 8e Forum des jeunes de l’UNESCO s’est déroulé sous le signe du changement et de l’innovation. Le Forum à encourager la participation de jeunes femmes et hommes venant de tous les pays et de tous les milieux, ayant des expériences variées et des niveaux différents d’engagement au sein de leurs communautés.

Parmi les programmes phares de ce forum on peut parler des 15 projets des jeunes qui ont été sélectionné. Ces 15 projets opérationnels ont été sélectionnés par les jeunes délégués du Forum et ont reçu pour la circonstance le  « Label du 8e Forum des jeunes de l’UNESCO ». Ce label garantit la qualité et l’excellence de ces projets et seront en ligne avec les priorités de l’UNESCO. Il offre à ses initiateurs des opportunités pour mobiliser des fonds, créer des partenariats et étendre leur visibilité internationale. On avait également au programme des témoignages, des émouvants moments  appelés : «15 minutes de gloire»,  des moments dédiés aux jeunes leaders (grande source d’inspiration pour les jeunes qui débutent leurs carrières) durant lesquels ils ont été invité à présenter leurs actions, leur parcours, leurs initiatives novatrices ainsi que leurs combats.

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En plus de cela, pour célébrer véritablement cette diversité culturelle réunie sous le toit de l’UNESCO, les jeunes ont eu l’opportunité d’assister  à des soirées culturelle par exemple la production en live de l’artiste musicien du rap Signmark véritable creuset de solidarité et de convivialité. En effet, Signmark considère que la société ne devrait pas traiter les personnes sourdes comme des personnes handicapées, mais comme une minorité linguistique qui jouit de sa propre culture, de sa propre communauté, de sa propre histoire, et de son propre héritage. Pour lui, il est crucial de valoriser la diversité dans le monde actuel, de plus en plus multiculturel. De quoi encourager les jeunes à consolider les valeurs de paix et de vivre ensemble, valeurs chères à l’UNESCO. Ce concert lors du 8e Forum des jeunes de l’UNESCO à été un symbole d’espoir pour tous les jeunes membres de minorités dans le monde entier, et a été à la fois inspirant, voire  inoubliable pour ces jeunes qui ont décidé d’être non pas seulement un simple avenir de l’humanité mais des véritables partenaires du présent.

Il y avait aussi comme activité de détente le Bus John Lennon. Un studio d’enregistrement itinérant, dont la raison d’être est d’utiliser la musique comme vecteur de paix et de compréhension mutuelle en mettant gracieusement à disposition des  jeunes visiteurs un studio professionnel. Pour finir les jeunes ont assisté à la projection du film projection du film documentaire « Rising from Ashes ». Plus qu’un film, Rising From Ashes, c’est une histoire qui à parlé  à chaque jeune. C’était un passage vers l’espoir. « Tu peux laisser derrière toi ce qui te poursuit, mais pas ce qui se passe en toi ». C’est par ce proverbe rwandais que commence Rising From Ashes, ce documentaire américain, consacré à l’équipe cycliste du Rwanda.  Pendant 82 minutes, Rising From Ashes (« renaître de ses cendres » en anglais) raconte le parcours de jeunes cyclistes rwandais qui ont, pour la plupart, perdu de la famille durant le génocide.

Pour clôturer le forum, les jeunes ont eu le privilège de découvrir le visage du 8e Forum des jeunes de l’UNESCO en photo et l’on a profité pour annoncer la conférence internationale « volontariat des jeunes et dialogue » qui se déroulera à Djeddah en Arabie saoudite au mois de décembre 2013. Quelle merveilleuse aventure ! Les jeunes sont retournés chez eux avec la ferme conviction de pouvoir créer ensemble un avenir prospère où chaque jeune pourra s’épanouir et faire épanouir les autres. Telle est la véritable recommandation que j’ai pu saisir à travers les pertinentes activités de ce Forum.