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France : les immigrés africains doivent-ils craindre la montée politique du Front national ?

Aujourd’hui, en France, l’ascension politique du Front national n’est plus à démontrer. Depuis quelques années, notamment avec l’arrivée de  Marine Le Pen élue présidente avec 67,65 % des voix, le parti de la droite française semble mobiliser de plus en plus de partisans. Pour beaucoup d’immigrés africains, notamment dans les grandes villes comme Paris, Marseille, Bordeaux, la montée  progressive du Front national dans les dernières intentions de vote des français n’est pas à prendre à la légère, car le discours du FN sur l’immigration et les droits des immigrés est très sévère. Alors, les Africains doivent-ils se méfier de sa percée fulgurante dans l’espace politique français ?

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Il faut se rendre à l’évidence que dans le sillage du Front national, le discours anti-immigrés progresse en France. Le dernier sondage effectué le place en tête des  intentions de vote avec 24 %, devant tous les autres partis et leaders politiques. Autant dire que la stratégie de conquête du Front national est en bonne voie vers le pouvoir.  Pour Eric Essono Tsimi, dramaturge camerounais, « les Africains doivent se méfier de la montée politique du Front national ». Pour lui, Marine Le Pen fait peur aux Africains.

Pour beaucoup d’analystes politiques, en votant pour Marine Le Pen lors de la  dernière élection présidentielle près d’un quart des électeurs français ont du même coup adressé un message clair aux immigrés surtout africains. C’en est fini de la « douce France », de la patrie des droits de l’homme qui aura, pendant longtemps, été une terre d’accueil pour tous ceux qui sont en quête de liberté et d’un minimum de fraternité. Vue de France, de Marseille, ville cosmopolite à forte population d’immigrés africains et où j’étudie depuis quelques années, même si elle peut paraître illusoire, cette avancée fulgurante de l’extrême droite doit inquiéter. Pour un grand nombre d’étudiants africains, conscients de l’évolution de la situation, il est plus que probable que la sonnette d’alarme doit être tirée pour que  ce parti puisse revisiter, revoir sa ligne politique en matière d’immigration et des droits d’immigrés. A quoi ressemblerait la France pour les immigrés africains avec le FN au pouvoir ? Pays convivial ? Pays hospitalier ? Pays infernal ?

FN2Chacun à sa petite réponse sur la question. Toujours est-il que de nos jours les partis politiques ou les acteurs politiques doivent œuvrer pour promouvoir un monde où tous les hommes quelle que soit leur origine, leur nationalité puissent coexister pacifiquement en mettant en avant des valeurs humaines à l’instar de la solidarité, du vivre ensemble et de la compréhension mutuelle. Pour certains, les militants de « l’extrême droite » française ne font rien pour dissimuler leurs prises de position. Pour eux, ces positions sont, bien entendu, aux antipodes d’un monde qui voudrait faire du troisième millénaire celui de l’ouverture et de la tolérance. Il est donc indispensable d’affirmer au moment où beaucoup s’acharnent à labelliser le FN qu’il importe de faire de la France, un pays où  les citoyens pourrons vivre des valeurs communes et partagées, donner un avenir radieux à leurs enfants par le travail et être prêts à défendre leurs valeurs et leur intégrité dans un monde qui se veut multiculturel. La diversité culturelle est une réalité, une richesse, une ressource inépuisable à laquelle, Français et Africains doivent puiser l’énergie humaine nécessaire pour développer des relations conviviales fondées sur l’acceptation mutuelle et la tolérance. Notre monde est pluriculturel et multireligieux, réjouissons-nous de cette diversité qui loin de gêner qui que ce soit fait plutôt avancer et poser les jalons de l’espoir d’un monde qui procure bonheur et espoir à tous.


Centrafrique: les violences menacent de prendre une coloration religieuse entre chrétiens et musulmans

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Les violences qui ont lieu actuellement en République Centrafricaine risquent de prendre un détour inter-religieux. En effet, ce pays de 4,5 millions d’âmes connait aujourd’hui des tensions politiques et religieuses affichées suite au renversement du pouvoir par une coalition de rebelles musulmans, la Seleka, depuis dissoute.

En fait, sur le plan religieux, 80% des centrafricains se disent chrétiens, 10% animistes et 10%… musulmans. En ce jour du 15 octobre 2013 où les musulmans centrafricains célèbrent la fête d’«Aid el-kebir», encore appelée fête du sacrifice, les tensions menacent désormais de prendre un tour religieux entre chrétiens, qui constituent la majorité des 5 millions d’habitants, et musulmans. Les hommes appartenant à l’ancienne rébellion Seleka majoritairement musulmans contrôlent toujours la plupart des postes de commandement et sont accusés de commettre des pillages et des exactions notamment dans les villages et quartiers chrétiens de Bangui et partout dans le pays. Ce qui est en train de se passer dans ce pays fait penser inéluctablement à la guerre au Mali surtout que les autorités centrafricaines ont à plusieurs reprises sollicité le soutient militaire et logistique de la France qui par la voix de son chef diplomatique Laurent Fabius, a annoncé hier dimanche lors d’une visite à Bangui l’envoi des troupes supplémentaires qui s’ajouteront aux 410 hommes actuellement sur le terrain. Alors avance-t-on vers un nouveau Mali ? Surtout qu’on sait qu’ayant profité de « l’élan des « révolutions » arabes,  la « rébellion Seleka », sous la forme de bandes armées musulmanes locales soutenues par des puissances islamiques étrangères, comme le Tchad, le Soudan, la Libye, ont infiltré le pays désarmé afin de semer le chaos… et la charia (loi islamique) » et finalement prendre le pouvoir. La crise centrafricaine nous réserve encore certainement beaucoup des surprises. Au regard des conflits inter-religieux  aujourd’hui latents en République centrafricaine, si rien ne fait l’on assistera sans doute a un nouveau Mali.


Cameroun : quand la diversité religieuse favorise la coexistence pacifique

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Né au Cameroun, un pays façonné par la diversité culturelle, j’ai grandi dans un univers où multilinguisme et multiculturalisme sont deux maîtres mots.  La cohabitation des  peuples aux cultures et langues  différentes qui se manifeste ici m’a inspiré l’idée d’un vivre ensemble que je matérialise au quotidien par l’usage des valeurs humaines :  convivialité,  solidarité  et  tolérance. L’expérience enrichissante de pratique de la paix en milieu pluriculturel que je voudrais partager est quelque chose de merveilleux que je vis  au quotidien, car c’est  une source à laquelle je puise chaque jour la force pour avoir un entourage harmonieux et aller de l’avant.

A  Moulvoudaye, petite localité du Nord-Cameroun où je réside, animistes, musulmans et chrétiens vivent ensemble en cultivant au quotidien  la coexistence pacifique et le dialogue interreligieux. C’est ainsi qu’étant chrétien, j’ai de nombreux amis musulmans et animistes avec qui j’étudie, je me promène, je joue, je mange et parfois je dors. Ici, la convivialité se perçoit et se vit quotidiennement à travers nos actes et nos échanges. Tous les soirs vers 17 heures après un match de football, moi et mes amis, nous  nous  retrouvons autour d’une tasse de thé pour échanger sur nos études, notre avenir et sur l’actualité. Nous apprécions tellement ces retrouvailles, car elles nous permettent de vivre ensemble, de partager et d’apprécier la richesse que procure la diversité culturelle.  Que ce soit pendant la fête de Pâques chez les  chrétiens, de Ramadan chez les musulmans ou de  Feo gague  chez les animistes  (Tupuri), je suis toujours  entouré et convié  aux  différentes festivités où nous partageons gâteaux, bouillie et viande. Nos parents, fiers de nos relations amicales, se côtoient au quotidien  et s’entraident mutuellement. Dans les lieux de rencontre comme les marchés, musulmans, chrétiens et animistes se respectent et dialoguent sans discrimination. Ici, le vivre ensemble  implique le respect des différences, le respect de l’altérité.

Au milieu de cette harmonie sociale,  j’ai proposé aux jeunes de Moulvoudaye  l’idée de création d’une association pour davantage promouvoir et pérenniser le dialogue  interculturel  et les valeurs partagées gage d’un développement durable. Nous avons mis sur pied une association des jeunes  baptisée «Unis  dans la  diversité ». Dans cette association nous organisons  chaque mois des rencontres sportives et culturelles où tous les jeunes de notre beau village se croisent et discutent. En effet, pour proposer cette initiative à mes amis,  je suis parti  de l’idée  selon laquelle la paix  résulte et se maintient à partir des simples faits et gestes de tous les jours.  Pour moi, dire bonjour  aux personnes qu’on rencontre, dire merci  après un service rendu, dire au revoir quand on quitte des gens ou encore s’excuser quand on a offensé quelqu’un, c’est déjà  cultiver la paix et promouvoir l’être ensemble. Je crois que  la paix c’est d’abord un esprit, une attitude, un comportement. C’est donc à partir de leurs attitudes, de leurs comportements quotidiens que les  habitants de mon  village  malgré les différences culturelles et religieuses ont réussi à instaurer un dialogue interreligieux et faire émerger un vivre ensemble convivial qui fait aujourd’hui la fierté de tous.

Je pense sincèrement que  si chaque Homme où qu’il soit pratique au quotidien des valeurs comme l’empathie, l’altruisme et la non-discrimination  nous réussirons à bâtir des  familles harmonieuses, des  sociétés  conviviales, des pays paisibles et un monde merveilleux qui procurera bonheur et espoir à tous.