Kenya : la seconde mort des étudiants de Garissa

Article : Kenya : la seconde mort des étudiants de Garissa
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9 avril 2015

Kenya : la seconde mort des étudiants de Garissa

Je suis scandalisé, outré, révolté par le manque d’humanisme et de compassion de la communauté internationale depuis jeudi. Un lourd bilan : 148 morts à l’université de Garissa au Kenya, dont 142 étudiants, tous tués par un groupe terroriste somalien (les shebabs) parce qu’ils étaient chrétiens. L’événement a suscité un peu de réactions, mais pas d’émotion, pas de véritable indignation, pas de réelle mobilisation internationale. Rien de comparable à l’hommage qui a suivi ce qui s’est passé récemment en France après la tuerie de Charlie Hebdo (10 morts) ou à Tunis après le massacre du musée de Bardo (20 morts). Où sont les indignés ? Où sont les humanistes ? Il est clair qu’aujourd’hui en restant muet, indifférent sans condamner avec énergie ce qui s’est passé au Kenya, on tue une deuxième fois les étudiants de Garissa. On les tue à nouveau, on les humilie en restant silencieux. Certes, sur les réseaux sociaux quelques personnes expriment leur solidarité au peuple kényan et à la communauté universitaire de Garissa, cela est-il suffisant ?Kenya Violance

Si ce massacre avait eu lieu ailleurs qu’en Afrique, il y aurait forcément eu des émissions 24/24, des milliers de personnes auraient porté des tee-shirts « je suis Garissa » : rien de tel pour les victimes de Garissa. On n’a pas vu les présidents, surtout africains participer à la grande marche organisée au Kenya. Où étaient-ils ? Beaucoup d’entre eux étaient présents lors de la marche contre le terrorisme à Paris en janvier dernier.

Au regard de ce qui se passe, je constate qu’on s’indigne de manière sélective, on hiérarchise les morts. C’est peut-être dur de le reconnaître, c’est peut-être risqué de l’affirmer, c’est pourtant vrai. Cette mobilisation internationale au rabais n’est-elle pas due au fait que les victimes sont des Africains ? Cette question m’amène à penser qu’il existe une certaine géopolitique de l’émotion. Une géopolitique qui rendrait d’autres personnes plus importantes que d’autres.

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